Afrique du Sud: les espoirs du premier salon africain du cannabis


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Bienvenue à la foire au cannabis. De l'huile médicale aux kits de culture, des professionnels de la marijuana exposent leurs produits pour la première fois depuis la légalisation de sa consommation privée et personnelle, attirant ainsi un nouveau type de clients.

Quelques rastas en tuniques africaines sont venues à l’inauguration, jeudi, de cette première "Cannabis Expo" du continent Africain. L'exposition se déroule à Pretoria en Afrique du Sud et accueillera 20.000 visiteurs jusqu'à dimanche. 

 

La règle ? On expose, on regarde, mais on ne fume pas. (photos AFP)
La règle ? On expose, on regarde, mais on ne fume pas. (photos AFP)
 

L’Afrique du Sud a légalisé la consommation privée de marijuana, mais tarde à autoriser le cannabis médical.

Et dans cette exposition, la fumette n'est pas autorisée: deux gardes, en tenue parodique de policiers, surveillent la vingtaine d’exposants et les visiteurs, d’ailleurs plutôt style entrepreneur que doux rêveur.

Il y a du cannabis un peu partout, sous toutes ses formes, sur les stands de Cannabis Expo, organisée de 13 au 16 décembre à Pretoria. La règle ? On expose, on regarde, mais on ne fume pas. De quoi néanmoins appâter des centaines de personnes, producteurs, fabricants, distillateurs, brasseurs, vendeurs ou simples consommateurs.

« C’est une immense opportunité, je ne pense pas que les gens réalisent à quel point », se réjouit Steve Carver, responsable de U Can Grow Africa, qui sous-loue des pans de terre pour la culture de cannabis. « Si l’on regarde le marché, ce qu’il se passe aux États-Unis ou au Canada, c’est énorme », poursuit-il. Les bénéfices tirés des produits fabriqués avec du cannabis sont « incroyables », assure également Sifiso Pretorius, qui détient une licence pour cultiver de la marijuana. « C’est une industrie principalement basée sur l’exportation, en dollars : le potentiel est énorme ».

 

Huiles médicales, friandises pour chien, habits en fil de chanvre, vaporisateurs, boissons énergétiques, casquettes, tatouages et conseils personnalisés… Sans oublier le kit de culture à domicile qui contient le nécessaire pour faire pousser sa propre herbe – thermomètre, lampe, sablier, produits chimiques et instructions : durant cette foire pour le moins originale, les visiteurs découvrent tout un monde de produits et de services dérivés du cannabis en provenance du sud de l’Afrique.

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Un exposant au salon du Cannabis de pretoria vend des boissons à base de Marijuana. Crédit: AFP

 

Interdiction de fumer en public

Depuis le 18 septembre, les Sud-Africains ont le droit de cultiver du cannabis pour leur propre consommation. Mais il est interdit d’en fumer en public. Un stand propose tous les accessoires pour cultiver chez soi, mais rien à planter car le commerce des semences n'est pas encore autorisé.

"Nous espérons convaincre le gouvernement sud-africain de changer la loi et aussi de permettre la vente de cannabis à usage médical", explique Silas Howarth, l’organisateur du Salon.

 

 

La Cour constitutionnelle a légalisé en septembre dernier la consommation du cannabis à usage personnel, épilogue judiciaire d’un dossier qui suscite la polémique depuis des années dans ce pays comme dans le reste du monde. Concrètement, un adulte peut désormais consommer, posséder ou cultiver du cannabis, pour sa consommation personnelle, à domicile. L’usage de la marijuana en public et sa commercialisation restent interdits. La plus haute instance judiciaire du pays a laissé deux ans au Parlement pour adopter un nouveau texte.

 

Des emplois espérés

 

Haanes Swan, Zimbabwéenne de 25 ans, vend des habits en chanvre. Elle ne tarit pas d’éloge sur la matière. « Le tissu est quatre fois plus solide que le coton et (le chanvre) nécessite moitié moins d’eau pour pousser. On va pouvoir habiller les gens pour presque rien ». Pour certains, c’est l’opportunité de se lancer dans un nouveau boulot fixe ou d’appoint, dans ce pays où le taux de chômage atteignait 27% en décembre. « Je voulais m’informer sur la manière de faire pousser (de l’herbe). Je suis plutôt content par ce que j’ai trouvé ici: je sais où trouver les graines et tout le reste pour me lancer », explique Amogelang Shadi, étudiant en droit de 24 ans.

 

Rasta Sphesihle Madola, directeur de la compagnie Marijuana Board of South Africa, explique lui que la communauté rasta collabore déjà avec des associations de cultivateurs. « En tant que rasta, on s’y connaît sur l’économie du cannabis, on sait que cela génère de l’argent dans le monde. On appelle des investisseurs internationaux à investir et rendre l’industrie viable », explique-t-il à l’AFP.

Ce petit entrepreneur du nord de Pretoria va pouvoir planter 10 hectares. Il montre des briques, tôles ondulées, plastique et bois à base de chanvre. "C’est un produit biodégradable, avec de bonnes qualités d’isolant phonique et thermique. On pourrait éradiquer la pauvreté en Afrique du Sud", croit-il, "en se lançant dans la culture intensive de cannabis, qui demande beaucoup de main d’œuvre."

Pour le moment, les semences sont importées de France. "Je pense que notre gouvernement va autoriser la vente de semences et de cannabis médical d’ici un à deux ans", dit Rozayne Malyo, du Conseil sud-africain du développement du cannabis.

"Si la loi n’évolue pas assez vite, nos entreprises seront désavantagées face à la concurrence internationale". Déjà, une firme américaine et une canadienne ont investi au Lesotho."

 

Les remèdes commencent toutefois à se vendre discrètement, surtout sur internet. "C’est dangereux car il n’y a aucun contrôle sur la qualité des produits", déplore Gerard Naude, de la société "Go Life".

Ce fabricant de suppléments alimentaires vient de planter 20 hectares de cannabis au Lesotho et Zimbabwe, les deux seuls pays africains à autoriser la production d’herbe et d’huile à usage médical. L’Afrique australe offre un terrain idéal pour la production de cannabis. La consommation de beuh (longtemps illégale) fait d'ailleurs partie de la culture traditionnelle. Mais il faut améliorer la qualité médicinale des variétés locales.

A la foire, Matiti Trish Kabi, 52 ans, vend des remèdes qu’elle fabrique depuis un an dans sa ferme au Lesotho: 60 euros pour 100 ml d’une pommade contre l’arthrose, ce n’est pas donné.

 

"Les tests en labo coûtent très chers", explique-t-elle. "On ne fait pas encore de profits mais on est inondé par des demandes de sociétés canadiennes et européennes (NDLR - l'usage médical du cannais est autorisé au Canada, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Australie et dans de nombreux Etats américains)".

Toute la famille de Matiti utilise le cannabis pour se soigner, comme fortifiant sous forme de thé, pour prévenir les crises d’épilepsie du fils et les signes de démence de la grand-mère.

Mais l’Afrique du Sud risque de rater le coche. Elle a fait un premier pas, le 1er décembre, en autorisant la production de chanvre (qui n’a pas d’effets psychotropes) dans 35 fermes. Dalu Kunene montre fièrement ses tissus et t-shirts en chanvre qu’il fabrique depuis 1999.

 

Plusieurs pays ont déjà dépénalisé l’usage (récréatif et/ou thérapeutique, selon les pays) et la détention de cannabis, renonçant aux peines de prison envers les consommateurs (l’Uruguay en pointe, le Canada, la capitale Washington et huit États américains, les Pays-Bas ou l’Espagne). Le Luxembourg, par exemple, a tout récemment annoncé la légalisation prochaine.

 

Sources: rtbf.be  telquel.ma  lequotidien.lu     

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