Présidentielle 2022 : à Marseille l'appel aux candidats pour la légalisation du cannabis


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Un collectif de politiques et citoyens marseillais organise ce samedi un forum sur le thème de la légalisation du cannabis. Leur objectif : interpeller les candidats à la présidentielle et mettre la fin de la prohibition en débat.

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"La politique de prohibition du cannabis est un échec total. Elle engendre des violences, des trafics et des morts."

Les organisateurs du forum "Legalize it !" (en Français légalisons-le !) en sont convaincus. En matière de lutte contre la consommation de cannabis, toutes les politiques publiques sont à revoir.

Dans une tribune publiée dans les médias locaux, des politiques et citoyens marseillais soutiennent l'urgence que les candidats à la présidentielle se saisissent du débat sur la légalisation du cannabis. 

Augmentation de la consommation de cannabis

"L’usage du cannabis augmente depuis 30 ans malgré une législation de plus en plus sévère. On est dans une impasse", se désole Fabien Perez, président du groupe Ecologistes et citoyens à la ville de Marseille.

Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, les personnes consommant au moins une fois dans l’année du cannabis représentaient 4% de la population en 1990 contre 11% aujourd’hui. Dans le même temps, le nombre dindividus arrêtés pour infraction à la législation sur les stupéfiants a été multiplié par 50.

" On ne remet pas en cause que le cannabis est mauvais pour la santé, précise Fabien Pérez, c’est un fait scientifique. Mais on a organisé ce forum pour réfléchir à d’autres alternatives pour prendre en charge ce phénomène". Et la solution qui est sur toutes les lèvres, c'est bien la légalisation.

" Dépénaliser ce serait hypocrite. Cela voudrait dire qu’on a le droit d’en vendre mais qu’on ne vous embête pas si vous en consommez", estime David Corman, député Europe Ecologie au parlement Européen, qui a contribué à l'organisation du Forum.

Régler la question sociale

Cette position est soutenue par des habitants de quartiers touchés par les trafics de drogue. Comme Céline Burgos, habitante de la Busserine, dans le 15e arrondissement de Marseille.

Elle a participé à une étude sur les trafics de drogues dans son quartier. Pour elle, c'est d'abord une question sociale qu'il faut régler. " Avant j’avais un regard méprisant sur les dealers. Maintenant je les vois comme des victimes du système. Ils n'ont pas d'autre solution pour s'en sortir que de rentrer dans les réseaux". 

Selon elle, il faudrait d'abord travailler sur l'emploi et la formation des jeunes, pour les sortir de la précarité. "Comme ils viennent des quartiers, ils sont discriminés au moment de trouver un emploi. Moi-même qui suis aide soignante, on m’a refusé un travail parce que j’habite dans les quartiers nord."

La légalisation s'accompagnerait donc d'autres mesures. Tout au long de la journée, des experts viendront apporter leur éclairage sur les tenants et aboutissants d'une politique de légalisation, avant le point d'orgue du forum, en fin de journée.

Les organisateurs s'adresseront directement aux candidats à l'élection présidentielle, leur demandant de se saisir de ce sujet.

Concrètement, les organisateurs du forum proposent une expérimentation de la légalisation du cannabis. "On pourrait la mettre en place dans une dizaine de villes pendant deux ans et en tirer un bilan", avance Fabien Pérez.

Marseille particulièrement touchée par le trafic de drogues

Que le débat parte de Marseille n’est pas un hasard. Plusieurs quartiers de la ville sont gangrénés par le trafic de drogues.

En 2021, le parquet de Marseille a recensé 36 homicides volontaires ou tentatives d'homicide volontaire dans le cadre d'affaires de criminalité organisée et de trafic de stupéfiants.

Ce n’est d'ailleurs pas la première fois qu'une initiative autour de la légalisation du cannabis part de Marseille, en période électorale.

Quelques mois avant la présidentielle de 2017 déjà, 150 personnalités Marseillaises, politiques, médecins ou avocats, demandaient la fin de la prohibition du cannabis dans une tribune publiée dans le JDD.

 

L'initiative était alors portée par les socialistes Marie-Arlette Carlotti et Patrick Mennucci.

Pourtant, l’idée de légaliser le cannabis est loin de faire l’unanimité à Marseille. L'adjointe au maire et ex-socialiste Samia Ghali s'est prononcée contre, tout comme le conseiller départemental LR Yves Moraine. 

Quant au Maire, Benoît Payan, s'il dit ne pas être opposé à la légalisation, il priorise la création d'un parquet spécialisé pour lutter contre le trafic de stupéfiants.

 

Pour l'instant, Jean-Luc Mélenchon (LFI) et l'écologistes Yannick Jadot(EELV) se sont prononcés en faveur de la légalisation.

A droite, Eric Zemmour (Reconquête), Valérie Pécresse(LR) et Marine Le Pen (RN) y sont totalement opposés.

Quant à Emmanuel Macron, après s'être dit ouvert au débat, il a complètement refermé la porte à une évolution de la législation sur le cannabis au cours de son mandat.

 

Source: france3-regions

 

Une culture locale

Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille, porte ce projet de légalisation. Il espère que Marseille fasse partie des villes tests. "Il faut trouver des terrains, geler des terrains fertiles pour produire", explique l'élu écologiste. "Dans notre territoire, ce serait extrêmement simple d'en faire pousser massivement." 

Sébastien Barles milite pour une production et une vente contrôlées par les collectivités.  Cela permettrait de vérifier le taux de THC, la substance psychotrope du cannabis, et d'éviter des dosages trop élevés. "C'est avant tout la protection des consommateurs au niveau sanitaire avec la réduction des risques", précise Hugo Besné-Prolon, reponsable relations publiques chez Norml France, une association pro-légalisation.

 

Création d'emplois

Cette nouvelle économie légale permettrait de créer des centaines d'emplois à Marseille, selon Farid Ghehiouèche du collectif Cannabis sans frontières. "Les charbonneurs, les choufs, ce seront principalement des commerciaux, des vendeurs, mais on aura aussi tout un tas de gens qui pourront se former aux métiers de cette industrie", détaille le militant. Les associations sont persuadées que ces reconversions intéressent les trafiquants. 

Sébastien Barles reste tout de même prudent. L'élu s'attend à une résistance de la part des dealers marseillais si jamais le projet de légalisation du cannabis aboutit.

 

Source: francebleu.fr

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