Confinement et cannabis, cachez cette addiction que le gouvernement ne saurait voir

Confinement et cannabis, cachez cette addiction que le gouvernement ne saurait voir
Par mrpolo ,

Tabac, alcool et produits de vapotage n'ont heureusement pas été interdits. Mais il va falloir compter avec les multiples conséquences de la pénurie en cannabis.

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«Une dépendance grave à une substance licite vaut toujours mieux qu'une dépendance de moindre gravité à une substance interdite», déplore le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions. | realworkhardponce_photography et gjbmiller via Pixabay

 

Il croyait très bien faire. Lundi 23 mars, Ziad Khoury, préfet de l'Aisne, prenait un arrêté interdisant toutes les ventes d'alcool à emporter dans l'ensemble du département. Objectif: réduire les risques de violences intra-familiales inhérentes aux imprégnations alcooliques dont il pensait qu'elles seraient plus fréquentes durant la longue période de confinement.

 

Las, devant les réactions de plusieurs spécialistes de la prise en charge des addictions le préfet faisait, dès le lendemain, marche arrière. Il n'avait pas saisi que, dans ce domaine aussi, le mieux peut vite se révéler l'ennemi du bien. «À part promouvoir, dans ce département, la distillation au domicile et surcharger les urgences et services hospitalier pour delirium tremens, je ne voyais guère l'intérêt de cette mesure préfectorale», explique le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions.

 

Les spécialistes des addictions n'ont pas su se faire entendre en Polynésie française, où cette interdiction a été imposée. Idem au Groenland où le gouvernement a, le 28 mars, annoncé l'interdiction de la vente d'alcool dans la capitale Nuuk et sa région pendant le confinement qui doit durer, au minimum, jusqu'au 15 avril. Là aussi, l'objectif affiché est de limiter les violences domestiques. «Dans une situation aussi particulière, nous devons prendre de nombreuses précautions pour éviter l'infection. Mais le cœur de ma décision est de protéger les enfants, ils doivent avoir un foyer sûr», a expliqué le chef du gouvernement groenlandais.

 

L'alcool, une «première nécessité» paradoxale

Comment comprendre que l'interdiction de pouvoir acheter un produit potentiellement toxique ne soit pas une priorité de santé publique? Car il ne fait aucun doute que les contraintes inhérentes au confinement et à son prolongement dans la durée augmentent les incitations à consommer –certain·es avançant que l'alcool peut être considéré comme «un achat de première nécessité».

 

«On ne va pas forcément développer une dépendance, mais l'effet de groupe des apéros par vidéo par exemple peut créer une habitude et une propension à consommer tous les jours. Cependant, une personne qui ne buvait pas avant ne va pas s'y mettre», explique Selma Archier, psychologue addictologue dans une association à Montreuil. «En réalité, c'est la peur, l'anxiété, le fait de ne pas voir de fin à ce confinement qui augmente le stress et peut créer un besoin d'alcool autant que sa surconsommation. Dans ce contexte, les gens qui sont seuls sont des personnes encore plus à risque, pour gérer ces émotions négatives qui peuvent pousser à boire.»

 

Dès lors, en quoi interdire la vente pourrait-elle être une mesure contre-productive? «La décision du préfet de l'Aisne, qui partait d'une bonne intention, n'était pourtant pas aussi pertinente qu'on pourrait le penser a priori, explique, au risque de surprendre, l'Association nationale française de prévention en alcoologie et en addictologie (Anpaa). En effet, si l'alcool est souvent impliqué dans la survenue de violences familiales, comme facteur favorisant ou causal, cela ne saurait justifier l'interdiction totale à l'ensemble d'une population.»

«Le confinement pose avec une nouvelle acuité l'éternel problème de gérer une dépendance dans un contexte de crainte de pénurie.»
Fédération Addiction

Pour l'Anpaa comme pour tou·tes les spécialistes, les contraintes nées du confinement peuvent générer ou exacerber les violences dans certains couples. Pour autant l'arrêt de toutes les ventes d'alcool entraînerait immanquablement chez nombre de personnes dépendantes des phénomènes de sevrage aigu aux conséquences immédiates plus graves que le maintien de la consommation, même excessive.

 

L'initiative du préfet de l'Aisne a aussi alimenté une réflexion plus large au sein de la Fédération Addiction sur le thème des usages et addictions en temps de confinement. Elle a ainsi permis de rappeler que, pour les personnes qui en souffrent, l'addiction «est un enfermement, une prison dont elles peinent à s'extraire alors même que leur vie en devient impossible». La Fédération rappelle aussi qu'on a longtemps cru les aider en les enfermant dans des hôpitaux ou des asiles avant d'en reconnaître l'échec. «Aujourd'hui, pour les millions de Français dépendants de substances, légales ou non, le confinement pose avec une nouvelle acuité l'éternel problème de gérer une dépendance dans un contexte de crainte de pénurie.»

Parer à l'angoisse du manque

Ceci est lié à un phénomène bien connu des soignant·es comme de leurs patient·es: l'angoisse cardinale de l'addict est celle du manque. Et l'angoisse, le stress sont les moteurs essentiels du besoin irrépressible de consommer, du craving. Cette situation d'angoisse du manque doit donc non seulement être prise en charge, pour apaiser, mais aussi pour réduire les risques de débordements, d'agressivité, de troubles du comportement, de violences, de prises de risques, d'overdoses, etc.

 

Les personnes qui ignorent ces réalités pathologiques ont pu voir dans l'instauration du confinement une chance à saisir pour que «les addicts arrêtent de consommer». C'est ainsi que certain·es se sont étonné·es de voir que les accès au tabac et aux boissons alcooliques avait d'emblée été préservés par le pouvoir exécutif. On vit ainsi, aussitôt réactivé, le mythe du «ce n'est qu'une histoire de volonté» et celui de la prohibition décrétée comme solution unique et définitive. «Le confinement deviendrait un instrument, une sorte d'abstinence obligée grâce à une claustration salvatrice, observe la Fédération Addiction.

 

Or c'est l'inverse qui nous semble être nécessaire: il faut assurer une garantie absolue d'approvisionnement en produits de dépendance, pour pouvoir ensuite aider ceux qui le souhaiteront à réduire ou à arrêter.»

 

Garantir l'accès en tabac et en alcool, certes mais ce n'était pas suffisant. C'est pourquoi plusieurs associations spécialisées (comme la Fédération Addiction ou #sovape) ont très vite réclamé la réouverture des boutiques de vape. Une demande très rapidement entendue et accordée par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, qui s'était déjà prononcé, avant d'être à ce poste, en faveur de cette méthode de réduction des risques tabagiques. Il en fut de même pour la facilitation de la délivrance des traitements de substitution aux opaciés (TSO) aux personnes souffrant de formes graves de toxicomanies.

 

Et les mêmes questions se posent, avec une plus grande complexité, pour les personnes dépendantes vivant dans le dénuement et, elles aussi, soumises au confinement. Au risque de heurter il faut, du moins si l'on veut que les sans-abri se rendent dans les «centres d'hébergement spécialisés», leur garantir l'approvisionnement en tabac, en alcool, en benzodiazépines et autres TSO. «C'est une condition sine qua non pour qu'ils acceptent d'y entrer et d'y rester –et pour que les troubles du comportement soient limités», expliquent les spécialistes de la Fédération Addiction.

 

On pourrait même imaginer, autre paradoxe, que dans ce cadre une prise en charge fondée sur la réductions des risques pourrait aider certain·es à souhaiter aller plus loin et à décrocher. Toujours selon la Fédération Addiction, quelques premières observations faites pendant le confinement dans certains centres de soins d'accompagnement et de préventions des addictions (CSAPA) sont encourageantes: les niveaux de consommation d'alcool baissent, malgré le stress, beaucoup de résident·es confiné·es expliquant que «c'est l'occasion ou jamais d'arrêter».

L'hypocrisie concernant le cannabis

Mais tout, ici, n'est pas dit par les canaux officiels. Car s'intéresser au confinement et aux addictions c'est, aussi et, traiter des drogues illicites. On vit ainsi des messages sanitaires interministériels mettre en garde contre «la consommation régulière de produits inhalés (tabac, cannabis, cocaïne, crack, etc.)», car de nature à augmenter le risque d'infection et de forme sévère de Covid-19. «Or chez certains, de telles consommations sont responsables d'une toux qui par elle-même favorise la transmission du virus à son entourage, y compris en cas d'infection sans symptôme», ajoutaient ces mêmes messages.

 

«Pour ne parler que du cannabis, l'actuel confinement va conduire à bien malaises individuels, à bien des impasses sociales, nous explique le Dr William Lowenstein. Les mesures de confinement font qu'il nous faut aujourd'hui compter avec les fermetures des frontières et toutes leurs conséquences en matière d'approvisionnement. Elles vont ainsi peut-être réussir là où la prohibition aveugle avait lamentablement échoué: ralentir les trafics et réduire massivement le volume des consommations.»

 

Une situation qui n'a rien de rassurant, selon l'addictologue: «Certains s'en réjouiront, mais ce n'est pas notre cas. Ce ne sera pas le cas non plus des personnes souffrant de maladies chroniques qui s'auto-médiquent avec les principes actifs du cannabis. Ce ne sera pas non plus le cas des policiers ou des pompiers œuvrant dans les cités. Et ce sera encore moins les cas des prisonniers et de l'administration pénitentiaire puisque que l'annulation des parloirs signifie tout simplement, aussi, la fin des approvisionnements.»

 

«[Il faudrait] assurer la continuité de la consommation devenue primordiale pour des centaines de milliers de personnes.»
Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions

À l'annonce du confinement plus d'un million de Français·es se sont, selon le Dr Lowenstein, précipité·es dans les lieux de deal pour faire des provisions. Mais ces dernières se tariront bientôt. Or la dépendance au cannabis existe bel et bien avec, corollaire, un syndrome de sevrage (troubles de l'humeur, du sommeil, de l'appétit, irritabilité) qui ne présage rien de bon pour l'équilibre individuel et familial, pas plus que pour l'apaisement carcéral.

 

«Mais voilà, notre pays a sagement décidé de laisser ouverts les débits de tabacs, les magasins des cavistes ou les boutiques de vape. En revanche il ne peut laisser ouverts ses coffee shops puisque nous n'en avons toujours pas, observe le président de SOS Addictions. Nous sommes rattrapés par l'hypocrisie récurrente de nos responsables politiques puisque nous avons opté depuis bien longtemps déjà pour une économie parallèle teintée de violences. Une politique qui aujourd'hui ne nous permet pas de déclarer un plan de soutien pour assurer la continuité de la consommation devenue primordiale pour des centaines de milliers de personnes. Comment pourrions-nous soutenir le commerce des “mafias sans frontières” alors que nous sommes officiellement en guerre contre elles?»

 

Une substance illicite mais aux moindres conséquences

Comment la France, plus grosse consommatrice de cannabis au sein de l'Union européenne, pourra-t-elle assumer les conséquences de ses ambivalences, de ses errances, faute de vouloir avancer vers une dépénalisation assumée, préalable à une légalisation encadrée et taxée? «Cela tombe vraiment mal, ajoute, provocateur, le Dr Lowenstein. Car pour tuer le temps douloureux ou anxieux, pour aider à ne rien faire, le cannabis, ce dopant du presque rien, est une substance psychoactive très efficace. Verra-t-on sous peu des livraisons de pochons via Amazon? L'Agence française du médicament va-t-elle accorder des “autorisation temporaires d'utilisation thérapeutique” de cannabis à aller chercher sans encombre dans les cités? Non, bien sûr.»

 

Alors? «La réponse est connue, dit-il. En confinement urbain comme dans les prisons, ce sera la substitution par les médicaments anxiolytiques à moyennes ou fortes doses, et peu importe que leur indice addictogène soit trois à quatre fois supérieur à celui du cannabis; peu importe que le sevrage brutal des benzodiazépines soit (avec celui de l'alcool) le seul sevrage aux risques mortels (état de mal comitial). C'est tristement ainsi: en 2020, dans une France confinée, une dépendance grave à une substance licite vaut toujours mieux qu'une dépendance de moindre gravité à une substance interdite.»

 

Par Jean-Yves Nau

Source: slate.fr


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Plop,

 

L'interdiction non , la régulation oui .

 

Je suis désolé mais quand tu as des enfants et que tu descends en couple plusieurs bouteilles de whisky en une semaine ...

 

C'est toujours pareil , si tu veux foutre ta vie en l'air c'est ton droit mais n'entraine personne avec toi .

 

L'humain ne sait pas se tenir , comme avec tout .

 

J'ai été dépendant aux anxiolytiques en tout genre , vers 17/18ans ; je pouvais , juste , en allant voir le docteur ressortir avec une liste de produits  digne d'un éléphant en rûte !

 

Et franchement , la seule chose qu'on fait pour toi et ce même en cure de désintoxication , c'est de te donner plus de médicaments ? ; juste ferme ta gueule et rentre chez toi vite .

 

Merci à l'armée de terre de m'avoir donner ma chance ! Grace à cela que je m'en suis sorti :) 

 

Tu peux parler de ceci avec un médecin sans soucis , par contre évoquer le cannabis ; là c'est tout de suite va consulter un psychiatre ton problème vient de là .

 

Et bien sur , ils s'empressent de le noter dans ton dossier médical ... 

 

Pour cela , je ne pense pas que les mentalités sont prêtes d'évoluer de si tôt dans ce milieux , vu le haut taux de réfractaires à cette douce plante qui réchauffe le cœur de tant de gens .

 

Aussi bien chez les jeunes toubibs que les vieux d'ailleurs ...

 

Il est normal d'être un camé aux médicaments mais pas d'être un consommateur thérapeutique d'herbe (encore moins récréatif oulà ... )

(de toute façon , c'est inscrit dans les effets secondaires alors bon ... ?

 

A+

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Salut a tous ,   ?

 

 

Et oui il faut bien qu'un pays dont le fleuron est de produire des quantités astronomiques d'alcool et dont les médecins prescrivent des anxiolectiques a la pelle se trouve une téte de turc et elle est toute trouvée !

 

Chaque consommateur sait qu'il est considéré comme un mauvais élément du système ;pour cela tous aiment nous penser comme des branleurs et les autorités peuvent s'acharner dans l'indifférence générale . 

 

 

Des décennies d'évolution de la recherche médicale pour soigner des cancer,des schlérose en plaque ,le sida ,etc pour que les citoyen n'en tire qu'une conclusion que l'herbe fait rire ce qui la consomme comme des abrutis ébétés alors qu'en disant cela c'est eux méme qui rient comme des abrutis ébétés victime de leur ignorance crasse .

 

Comme disait Jack Herer on mène une lutte car eux mènent une lutte ,celle de la stigmatisations ;combien d'entre nous en sont arrivés a l'autoproduction et en sont le plus heureux du monde du moment ou ils gardent leur langue car avant ça d'aller toper la peur au ventre;se faire charcuter par des gars encagoulés ou bien croiser les képis qui sont les premiers a nous mettre au pilori et ranger des bouteilles de whisky dans le frigo de leur commisariat ;j'en retiendrai qu'une chose,c'était comme étre entre le marteau et l'enclume quand nos chères force de l'ordre me fesai faire un tour en voiture devant des dealeurs sur leurs chaises longues en train de se fendre la gueule alors que je me prenai des mandales pour dire ou j'avais jeté mon bout de 10 ;puis 300 euros d'amende quand déja on a pas une tune ça fait pas du bien !

 

Maintenant avec 300 euros j'ai un ballast,une ampoule ,du terreau ,etc ;de quoi rendre a gaya ce qu'elle méme nous offre si génereusement ;pas du pneu ou de la para ,ni méme d'amende ou de coups dans la gueule ;les dealeurs et les flics qu'ils se retrouvent comme des cons entre eux pour faire un gang band !

 

 

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Pour ceux qui fument en récréatif: le confinement est un excellent moyen de savoir où on en est dans sa consommation/addiction. 

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Salut le monde.

 

C'est toujours un petit peu la même histoire, celle du serpent qui se mord la queue.

Les médecins et les laboratoires pharmaceutiques, main dans la main , les uns se chargeant de fourguer la came des autres.

Prescrire des traitements que l'on sait plus dangereux que le cannabis, c'est pas un souci, la déontologie, ils s'assoient dessus.

De toute façon ils sont couverts par les politiques.

Les politiques craignant les banlieues, achètent la paix sociale en fermant les yeux sur les trafiques qui s'y déroulent.

Les policiers, justifient leurs salaires en serrant des petits dealers et les consommateurs, qu'ils relâchent le plus souvent dans la journée.

Le consommateur délesté de ses 300 Euros d'amende, tombe en dépression,

va chez son docteur, qui lui prescrit des anxiolytique et on recommence depuis le début.

Triste farce ou hypocrisie, je ne serrais dire.

 Auto produisez et profitez .

Tchuss.

 

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salut à tous

 

personnellement je pense qu'à l'heure d'aujourd'hui ou tu cultive ou tu te fait enc*** mais sa ne dérange personne car si c'est les flics qui choppe le petit client bah sa fait de l'argent à l'état et si le client se fait ou niquer par les vendeurs ou agressé un peu plus loin c'est pas leur problème vu que la personne ne portera pas plainte donc c'est trop facile ... 

 

J'ai encore eu la preuve aujourd'hui à un point de vente que je connais, certaine personne auront un bout normale et d'autres auront même pas un tiers, chose qui ne peut pas existé dans des cofee shop

Modifié par Beuzinglue

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