Du cannabis de l’âge du fer découvert dans un temple en Israël


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Du cannabis utilisé dans des rituels il y a 2.000 ans a été retrouvé dans un temple en Israël. C’est la première fois qu’une preuve physique atteste de la présence de cette drogue durant l’âge du fer au Proche-Orient.

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Lors de fouilles à Tel Arad, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Jérusalem, des archéologues ont découvert du cannabis dans un temple datant des temps bibliques.

 

 

Une étude publiée le 28 mai dans le journal de l’Institut d’archéologie de l’université de Tel Aviv montre la présence d’encens et de cannabis sur les matériaux constituant les deux autels de ce temple remontant à l'ère du royaume de Juda, lequel s’étendait de 930 à 586 avant Jésus-Christ.

«À l'heure actuelle, nous n'avons aucune information sur la manière dont ce cannabis est arrivé à Tel Arad ou en Judée particulièrement», a assuré Eran Arie, conservateur au Israel Museum, cité par CNN.

Pour les scientifiques, cette découverte apporte pourtant «une nouvelle vision sur le culte de Juda».

 

L’étude suggère que le cannabis était brûlé lors d’un rituel, dans un but psychoactif, et non pas pour sa senteur.

«S'ils ne voulaient que l'odeur du cannabis, ils auraient pu brûler des sauges», explique ainsi Eran Arie.

 

Source:sputniknews.com

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  • 2 semaines après ...

https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/des-traces-de-cannabis-detectees-dans-un-sanctuaire-de-2800-ans-en-israel_144869

 

Des traces de cannabis détectées dans un sanctuaire de 2800 ans en Israël

Par Bernadette Arnaud le 03.06.2020 à 16h12

L’analyse chimique de résidus conservés dans une ancienne forteresse de l’Age du Fer à Tel Arad, dans le désert du Néguev (Israël), a révélé la présence inattendue de cannabis ! La première preuve d’un usage de ce psychotrope au Proche-Orient ancien.

Sanctuaire Tel Arad

Le "saint des saints" du sanctuaire de l'ancienne forteresse de l'Age du Fer de Tel Arad (Israel), et ses deux autels.

CRÉDITS: ISRAEL ANTIQUITIES AUTHORITY COLLECTION / THE ISRAEL MUSEUM, JERUSALEM, BY LAURA LACHMAN

Sans précédent, la découverte pourrait même être qualifiée… d'hallucinante. Des résidus de cannabis, d'un côté, et d'encens, de l'autre, ont été découverts sur deux autels disposés à l'entrée d'un ancien sanctuaire de l'Age du Fer utilisé entre 760 et 715 av. J.-C, dans la forteresse de Tel Arad (Israël). L'imposant bastion militaire, situé à l'ouest de la mer Morte dans la vallée de Beer-Sheba, servait alors à garder la frontière sud du Royaume de Juda, qui correspond aujourd'hui au centre d'Israël et à une partie de la Cisjordanie. Fouillé dans les années 1960, le précieux sanctuaire a ensuite été démonté et transporté au musée de Jérusalem, où il est désormais exposé.

 

Sur un petit autel, des résidus de cannabinoïdes

L’analyse de la surface des deux autels taillés dans des calcaires vient de faire l’objet d’une parution détaillée dans la revue en ligne "Tel Aviv", publiée par l’Institut d’archéologie de l’Université de Tel Aviv. Deux petites dépressions sur chacun des piliers ont en effet conservé pendant près de 2800 ans des restes de matières organiques noirâtres solidifiées que les chercheurs sont parvenus à identifier grâce à une analyse par chromatographie en phase gazeuse et liquide, couplée à des spectromètres de masse. Et les résultats ont été surprenants !  

 

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Partie supérieure d'un des autels du sanctuaire de Tel Arad (Israel), avec des résidus de matières organiques au centre. ©Israel Antiquities Authority Collection / The Israel Museum, Jerusalem, by Laura Lachman

Le plus grand des deux autels contenait de l’encens mélangé à des graisses animales qui, en chauffant, libéraient le parfum de la résine ; quant au petit autel, il recélait des résidus de cannabinoïdes : teterahydrocannabinol (THC), cannabidiol (CBD) et cannabinol (CBN). Le cannabis avait été mélangé à des déjections animales utilisées comme combustibles, pour libérer les composés psychoactifs via la chaleur. "Si nous savions que l’encens avait joué un rôle particulier dans les rituels religieux pratiqués dans le royaume de Juda, au 1er millénaire avant notre ère, il n’en avait jamais été découvert jusque-là sur un site du Levant. Quant au cannabis, c’est la première fois que nous en retrouvons des traces !, expliquent Eyrane Arié, conservateur en chef du département d’Archéologie de l’Age du Fer et des périodes perses au musée d’Israël à Jérusalem, et Dvory Namdar, chercheur à l’Institut Volcani de recherche agricole, les deux principaux co-signataires de l’étude joints par Sciences et Avenir. Ces découvertes peuvent suggérer que des inflorescences de cannabis ont été brûlées pour être inhalées dans le cadre d’une cérémonie rituelle.  Dans l’échantillon examiné, la quantité de composés psychoactifs était suffisante pour avoir induit un état de conscience altérée." 

 

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Vue aérienne de la forteresse de Tel Arad, dans le désert du Neguev (Israël). ©Wikimedia commons

"Des plants étaient cultivés pratiquement à la même époque dans ce qui est aujourd’hui la Chine"

L’utilisation supposée de substances hallucinogènes dans le cadre de cérémonies cultuelles, pour favoriser une sorte d’extase, jette un éclairage nouveau sur les pratiques religieuses du 8e siècle avant notre ère dans le royaume de Juda. "Il n’est en effet pas exclu que du cannabis ait pu être aussi utilisé dans d'autres sanctuaires et temples du royaume de Juda, y compris le grand Temple de Jérusalem, ajoute Eyrane Arié. Des plants étaient cultivés pratiquement à la même époque dans ce qui est aujourd’hui la Chine. Des graines et des feuilles de Cannabis Sativa L. ont été récemment recueillies dans des tombes du désert de Gobi, à Yanghai, près de Turpan, ainsi qu’à Jirzankal, à l’est du Pamir." Au fil des siècles, les produits de cette plante originaire des contreforts de l’Himalaya et du plateau tibétain, ont pu être transportés sous forme de résine de haschich en suivant les routes commerciales de l’Asie centrale et orientale, vers le Proche-Orient.

 

Quant à l’encens - un encens aromatique fabriqué à partir de résine de Boswellia -  son utilisation est bien évoquée dans la Bible, tout comme celle de la myrrhe, une autre résine odoriférante. Mais jamais il n’avait encore été retrouvé sur un site archéologique du Levant. "A l’Age du fer, ces produits ont sans doute atteint le Moyen-Orient, via des échanges commerciaux avec le sud de la péninsule arabique (Yémen actuel et sud de l’Arabie saoudite) ce qui révèle des importations à grands frais", poursuit l’archéologue. Dans la Bible, la valeur de l’encens, décrit comme un trésor royal, est en effet souvent comparée à celle de l’or.

D’autres résidus amalgamés ont été repérés sur deux autres autels découverts dans l’ancien royaume de Moab (aujourd’hui en Jordanie). Leur analyse prochaine pourra peut-être donner de nouvelles informations sur l’utilisation de ces substances psychotropes au Proche-Orient ancien, dont Tel Arad fournit aujourd’hui les premières preuves d’utilisation hallucinogènes.


 
 
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Le chanvre indien, une panacée qui a traversé les siècles

Il y a des milliers d’années, l’homme fumait déjà du cannabis. Plus tard, les Gaulois ont festoyé avec du vin au cannabis. Théophile Gautier et le docteur Moreau ont fondé « Le Club des hachichins », à Paris. George Washington l’a même cultivé dans son jardin.

 

Le chanvre indien, une panacée qui a traversé les siècles

Sur une fresque assyrienne, le chanvre est arbre de vie.

La consommation du chanvre indien ou cannabis Sativa ne date pas d’hier. Le site néolithique de Xianrendong (8 000 av. J-C), dans la région Jiangxi, a livré des pots en terre cuite décorés de feuilles de chanvre. Dans les montagnes du Pamir dans l’ouest de la Chine, des tombes vieilles de 2 500 ans renfermaient des brûleurs d’encens portant des traces de cannabinoïdes végétaux. La plante est une des plus anciennes domestiquées par l’homme. Son origine géographique pourrait être les contreforts indiens de l’Himalaya ou encore les plaines de l’Asie centrale dans le secteur du lac Baïkal, dans la région montagneuse de la Sibérie. Accompagnant migrations et conquêtes, elle s’est répandue à travers l’Asie et l’Europe, puis sur tous les continents.

 

Dans l’Antiquité, ses fibres résistantes étaient utilisées pour tisser les vêtements, les filets de pêche et les cordages. Mais c’est en consommant ses graines que les peuples d’Asie découvrent ses effets psychotiques et ses propriétés médicales. Hua Tuo (140-208 de notre ère), pionnier de la chirurgie en Chine, qui a vécu sous la dynastie des Han, a utilisé le chanvre indien ou cannabis pour anesthésier ses patients.

 

La plus ancienne encyclopédie chinoise des plantes à usage thérapeutique,

Pen-ts’ao Ching, révélait que manger les fruits du chanvre avec excès produit « des hallucinations ». Et « si on les prend à long terme, on communique avec les esprits et on allège le corps ». Son usage par inhalation était fréquent chez les Scythes nomades qui organisaient des séances de fumigation collective, selon l’historien et géographe grec Hérodote (480 avant J-C).

L’archéologue soviétique Sergueï Ivanovitch Roudenko le confirme avec la découverte, en 1929, d’un chaudron de bronze rempli de graines de chanvre carbonisées, et des encensoirs métalliques, dans la vallée des monts Altaï en Sibérie.

 

À Turpan, dans la région de Xinjiang, en Chine, une sépulture datant de 2 500 avant J-C a révélé des plants de cannabis parfaitement conservés, aux côtés des ossements du défunt. Il semble que la région de Xinjiang est coutumière de ce mode d’inhumation, car plusieurs tombes similaires, mises à jour dans le cimetière de Yanghai, renfermaient plusieurs centaines de grammes de graines de cannabis.

 

L’élixir des dieux

 

Mais l’usage du chanvre en Chine n’a jamais atteint l’importance que celui-ci a eu en Inde où le cannabis faisait partie des cinq plantes sacrées. Le texte Atharva-Veda, daté d’entre 2 000 et 1 400 avant J-C, précise que le pavot crée un contact avec le divin. Une boisson à base de ses fleurs, le bhang, permet « l’union avec la divinité Shiva », la « purification des péchés » et « prévient l’enfer dans les vies futures ». C’est l’élixir préférée d’Indra, le plus puissant des dieux védiques, adoré par les castes guerrières.

À la même époque, en Égypte, disposées sur une pierre chaude, les feuilles de cannabis diffusaient leurs envoûtantes effluves pour amplifier les sensations des Pharaons.

 

En référence à ses propriétés euphorisantes, la plante est fréquemment dessinée sur les fresques des tombes et temples. Elle est aussi mentionnée dans le Papyrus Ebers (daté de 1 550 av. J-C), avec l’opium (le suc du fruit du pavot), la jusquiame et la mandragore, en tant qu’analgésique pour soulager les douleurs et les inflammations. Le Papyrus Ebers est un des plus anciens manuels de médecine trouvé à ce jour. Pour la petite histoire, il a été découvert à Louxor, en 1862 par le marchand et collectionneur américain Edwin Smith, puis vendu à l’égyptologue allemand Georg Moritz Ebers (1837-1898), à qui il doit son nom et sa première traduction. Il est actuellement conservé à la bibliothèque de l’université de Leipzig.

 

D’après les spécialistes, ce papyrus fait probablement partie d’un ensemble plus vaste plaçant la médecine au centre de pratiques sociales et religieuses. C’est également un des plus longs documents de l’Antiquité égyptienne, plus de 20 mètres de longueur pour une largeur d’environ 30 centimètres et un total de 877 paragraphes.

Les Assyriens basés en Mésopotamie auront aussi pour coutume d’utiliser le cannabis comme encens pour les rites sacrés. Dans une lettre écrite en 680 av. J-C à la mère du roi Assarhaddon, il est fait référence au Qunubu (cannabis) qui donne des indications claires sur l’encens brûlant dans la tente du roi.

 

Même en Israël, il a été utilisé pour des rites religieux. Dans les années 1960, à Tel Arad, au sud de Jérusalem, les archéologues en avaient trouvé des résidus sur des artefacts provenant d’un sanctuaire datant du VIIIe siècle avant J-C. Cette fouille a fourni les premières preuves de l’utilisation de l’hallucinogène dans l’ancienne religion juive.

 

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Vue intérieure de l’hôtel Pimodan, île Saint-Louis à Paris, qui a abrité le Club des hachichins. Photos DR

 

Le jardin de George Washington

 

Le chanvre voyagera en Europe. La plus ancienne pipe du monde a été découverte dans une sépulture datant de l’Âge de bronze, à Bad Abbach, un bourg de Bavière, en Allemagne. Elle servait vraisemblablement à fumer l’herbe. À Cébazat, en Auvergne, la tombe d’un celte d’une cinquantaine d’années, enterré au IIe siècle avant notre ère, a livré un grand vase contenant du vin résiné, dopé aux graines de cannabis Sativa. Serait-ce la potion magique d’Obélix ?

Et comme le dit le vieil adage, « tous les chemins mènent à Rome ». Là aussi le cannabis était en vogue. « Certains mangent les graines frites avec des sucreries.

 

Or consommées en grande quantité, elles affectent la tête en lui envoyant des vapeurs chaudes et toxiques », écrit le célèbre médecin Claude Galien ( 129-201 après J-C) qui a soigné plusieurs empereurs.

L’histoire du chanvre indien est infinie. Posons-nous au Moyen-Âge, où après la bataille de Talas, qui a opposé les troupes du califat abbasside à celle de l’armée chinoise, les Arabes apprennent de prisonniers de guerre chinois le secret de la fabrication du papier à partir d’écorce de mûrier et de fibres de chanvre.

 

Arrêt aussi à la Renaissance où les puissances européennes se disputent la suprématie navale. Le chanvre s’impose alors comme un matériau stratégique pour tisser les voiles des navires et les cordages. En France, Colbert crée en 1666 la corderie royale pour sécuriser l’approvisionnement en chanvre national. Car « un navire de taille moyenne utilise 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages et six à huit tonnes sous forme de voile, par an », écrit Serge Allegret, historien et coauteur de l’ouvrage Le chanvre industriel, production et utilisations.

 

Aux Amériques, les colons européens sèment la plante à grande échelle. George Washington, premier président des États-Unis, la cultive sur sa plantation, comme en témoigne son journal. Au Canada, plusieurs mesures sont prises pour favoriser le développement de cette industrie : subventions, incitations fiscales, distribution de graines aux fermiers en 1801.

 

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Le « Club des hachichins » et le livre de Gautier ont fait l’objet d’une affiche vendue à la FNAC.

 

Amateurs de joints et de bonbons

 

La plante, confirmée d’intérêt médical et dénuée de toute restriction légale, était aussi largement utilisée à des fins récréatives. En 1844, l’écrivain Théophile Gautier et le médecin aliéniste Jacques-Joseph Moreau fondent Le Club des hachichins, voué à l’expérimentation de l’opium et du haschich. Charles Baudelaire, Eugène Delacroix et Alexandre Dumas font partie du club, situé à l’hôtel Pimodan, sur l’île Saint-Louis à Paris. Honoré de Balzac et Gustave Flaubert y passent également de temps à autre. Gautier raconte ses premières expériences dans un feuilleton daté de juillet 1843 intitulé Le Haschich.

 

Vers la fin du XIXe siècle, le cannabis est tellement répandu et banalisé que certains en feront un bonbon. Il est mélangé à du sucre d’érable et de la résine de cannabis et l’entreprise new yorkaise Ganjah Wallah Hasheesh Candy Company le commercialise dès 1860.

Autre anecdote, à la fin du XIXe siècle, on trouve sur le marché européen plusieurs marques de cigarettes au cannabis, jouant sur l’image orientale de la plante : Arabische Nächte (Nuits arabes) (9 % de cannabis), Harem (9 %), et d’autres.

 

L’usage médical de cette substance décline cependant vers la fin du XIXe siècle. Après des mises en garde sur sa dangerosité, le cannabis est retiré de la pharmacopée américaine en 1941. En France, la même mesure est prise en 1953. Concurrencé dans son usage textile par les fibres exotiques (jute, sisal, kenaf), et par les fibres synthétiques (nylon), concurrencé dans l’industrie papetière par le bois, le chanvre va rapidement chuter au cours de la première moitié du XXe siècle. Mais les préoccupations environnementales, depuis le début du XXIe siècle, tendent à stimuler le développement de cette filière, dans des domaines aussi variés que le textile et l’habitat.

 

Par May MAKAREM

Source: lorientlejour

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