Des députés de droite ont publié, début octobre, une tribune s'opposant à la légalisation du cannabis. Le problème, c'est que leurs arguments sont totalement foireux.
La consommation du chanvre indien ou cannabis Sativa ne date pas d’hier. Le site néolithique de Xianrendong (8 000 av. J-C), dans la région Jiangxi, a livré des pots en terre cuite décorés de feuilles de chanvre. Dans les montagnes du Pamir dans l’ouest de la Chine, des tombes vieilles de 2 500 ans renfermaient des brûleurs d’encens portant des traces de cannabinoïdes végétaux. La plante est une des plus anciennes domestiquées par l’homme. Son origine géographique pourrait être les contreforts indiens de l’Himalaya ou encore les plaines de l’Asie centrale dans le secteur du lac Baïkal, dans la région montagneuse de la Sibérie. Accompagnant migrations et conquêtes, elle s’est répandue à travers l’Asie et l’Europe, puis sur tous les continents.
Dans l’Antiquité, ses fibres résistantes étaient utilisées pour tisser les vêtements, les filets de pêche et les cordages. Mais c’est en consommant ses graines que les peuples d’Asie découvrent ses effets psychotiques et ses propriétés médicales. Hua Tuo (140-208 de notre ère), pionnier de la chirurgie en Chine, qui a vécu sous la dynastie des Han, a utilisé le chanvre indien ou cannabis pour anesthésier ses patients.
La plus ancienne encyclopédie chinoise des plantes à usage thérapeutique,
Pen-ts’ao Ching, révélait que manger les fruits du chanvre avec excès produit « des hallucinations ». Et « si on les prend à long terme, on communique avec les esprits et on allège le corps ». Son usage par inhalation était fréquent chez les Scythes nomades qui organisaient des séances de fumigation collective, selon l’historien et géographe grec Hérodote (480 avant J-C).
L’archéologue soviétique Sergueï Ivanovitch Roudenko le confirme avec la découverte, en 1929, d’un chaudron de bronze rempli de graines de chanvre carbonisées, et des encensoirs métalliques, dans la vallée des monts Altaï en Sibérie.
À Turpan, dans la région de Xinjiang, en Chine, une sépulture datant de 2 500 avant J-C a révélé des plants de cannabis parfaitement conservés, aux côtés des ossements du défunt. Il semble que la région de Xinjiang est coutumière de ce mode d’inhumation, car plusieurs tombes similaires, mises à jour dans le cimetière de Yanghai, renfermaient plusieurs centaines de grammes de graines de cannabis.
L’élixir des dieux
Mais l’usage du chanvre en Chine n’a jamais atteint l’importance que celui-ci a eu en Inde où le cannabis faisait partie des cinq plantes sacrées. Le texte Atharva-Veda, daté d’entre 2 000 et 1 400 avant J-C, précise que le pavot crée un contact avec le divin. Une boisson à base de ses fleurs, le bhang, permet « l’union avec la divinité Shiva », la « purification des péchés » et « prévient l’enfer dans les vies futures ». C’est l’élixir préférée d’Indra, le plus puissant des dieux védiques, adoré par les castes guerrières.
À la même époque, en Égypte, disposées sur une pierre chaude, les feuilles de cannabis diffusaient leurs envoûtantes effluves pour amplifier les sensations des Pharaons.
En référence à ses propriétés euphorisantes, la plante est fréquemment dessinée sur les fresques des tombes et temples. Elle est aussi mentionnée dans le Papyrus Ebers (daté de 1 550 av. J-C), avec l’opium (le suc du fruit du pavot), la jusquiame et la mandragore, en tant qu’analgésique pour soulager les douleurs et les inflammations. Le Papyrus Ebers est un des plus anciens manuels de médecine trouvé à ce jour. Pour la petite histoire, il a été découvert à Louxor, en 1862 par le marchand et collectionneur américain Edwin Smith, puis vendu à l’égyptologue allemand Georg Moritz Ebers (1837-1898), à qui il doit son nom et sa première traduction. Il est actuellement conservé à la bibliothèque de l’université de Leipzig.
D’après les spécialistes, ce papyrus fait probablement partie d’un ensemble plus vaste plaçant la médecine au centre de pratiques sociales et religieuses. C’est également un des plus longs documents de l’Antiquité égyptienne, plus de 20 mètres de longueur pour une largeur d’environ 30 centimètres et un total de 877 paragraphes.
Les Assyriens basés en Mésopotamie auront aussi pour coutume d’utiliser le cannabis comme encens pour les rites sacrés. Dans une lettre écrite en 680 av. J-C à la mère du roi Assarhaddon, il est fait référence au Qunubu (cannabis) qui donne des indications claires sur l’encens brûlant dans la tente du roi.
Même en Israël, il a été utilisé pour des rites religieux. Dans les années 1960, à Tel Arad, au sud de Jérusalem, les archéologues en avaient trouvé des résidus sur des artefacts provenant d’un sanctuaire datant du VIIIe siècle avant J-C. Cette fouille a fourni les premières preuves de l’utilisation de l’hallucinogène dans l’ancienne religion juive.
Le jardin de George Washington
Le chanvre voyagera en Europe. La plus ancienne pipe du monde a été découverte dans une sépulture datant de l’Âge de bronze, à Bad Abbach, un bourg de Bavière, en Allemagne. Elle servait vraisemblablement à fumer l’herbe. À Cébazat, en Auvergne, la tombe d’un celte d’une cinquantaine d’années, enterré au IIe siècle avant notre ère, a livré un grand vase contenant du vin résiné, dopé aux graines de cannabis Sativa. Serait-ce la potion magique d’Obélix ?
Et comme le dit le vieil adage, « tous les chemins mènent à Rome ». Là aussi le cannabis était en vogue. « Certains mangent les graines frites avec des sucreries.
Or consommées en grande quantité, elles affectent la tête en lui envoyant des vapeurs chaudes et toxiques », écrit le célèbre médecin Claude Galien ( 129-201 après J-C) qui a soigné plusieurs empereurs.
L’histoire du chanvre indien est infinie. Posons-nous au Moyen-Âge, où après la bataille de Talas, qui a opposé les troupes du califat abbasside à celle de l’armée chinoise, les Arabes apprennent de prisonniers de guerre chinois le secret de la fabrication du papier à partir d’écorce de mûrier et de fibres de chanvre.
Arrêt aussi à la Renaissance où les puissances européennes se disputent la suprématie navale. Le chanvre s’impose alors comme un matériau stratégique pour tisser les voiles des navires et les cordages. En France, Colbert crée en 1666 la corderie royale pour sécuriser l’approvisionnement en chanvre national. Car « un navire de taille moyenne utilise 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages et six à huit tonnes sous forme de voile, par an », écrit Serge Allegret, historien et coauteur de l’ouvrage Le chanvre industriel, production et utilisations.
Aux Amériques, les colons européens sèment la plante à grande échelle. George Washington, premier président des États-Unis, la cultive sur sa plantation, comme en témoigne son journal. Au Canada, plusieurs mesures sont prises pour favoriser le développement de cette industrie : subventions, incitations fiscales, distribution de graines aux fermiers en 1801.
Amateurs de joints et de bonbons
La plante, confirmée d’intérêt médical et dénuée de toute restriction légale, était aussi largement utilisée à des fins récréatives. En 1844, l’écrivain Théophile Gautier et le médecin aliéniste Jacques-Joseph Moreau fondent Le Club des hachichins, voué à l’expérimentation de l’opium et du haschich. Charles Baudelaire, Eugène Delacroix et Alexandre Dumas font partie du club, situé à l’hôtel Pimodan, sur l’île Saint-Louis à Paris. Honoré de Balzac et Gustave Flaubert y passent également de temps à autre. Gautier raconte ses premières expériences dans un feuilleton daté de juillet 1843 intitulé Le Haschich.
Vers la fin du XIXe siècle, le cannabis est tellement répandu et banalisé que certains en feront un bonbon. Il est mélangé à du sucre d’érable et de la résine de cannabis et l’entreprise new yorkaise Ganjah Wallah Hasheesh Candy Company le commercialise dès 1860.
Autre anecdote, à la fin du XIXe siècle, on trouve sur le marché européen plusieurs marques de cigarettes au cannabis, jouant sur l’image orientale de la plante : Arabische Nächte (Nuits arabes) (9 % de cannabis), Harem (9 %), et d’autres.
L’usage médical de cette substance décline cependant vers la fin du XIXe siècle. Après des mises en garde sur sa dangerosité, le cannabis est retiré de la pharmacopée américaine en 1941. En France, la même mesure est prise en 1953. Concurrencé dans son usage textile par les fibres exotiques (jute, sisal, kenaf), et par les fibres synthétiques (nylon), concurrencé dans l’industrie papetière par le bois, le chanvre va rapidement chuter au cours de la première moitié du XXe siècle. Mais les préoccupations environnementales, depuis le début du XXIe siècle, tendent à stimuler le développement de cette filière, dans des domaines aussi variés que le textile et l’habitat.
Par May MAKAREM
Source: lorientlejour
"Défoncées jusqu'à l'os" : elles vont dans un resto où tout est cuisiné au cannabis
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Hello
on est pas près de voir ça en France^^ Autant faire son huile piquante pour pizza perso y ajoutant 2 jolis buds
pour les puristes décarboxylation avant...
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