Photo : REUTERS / Athit Perawongmetha - Des sodas artisanaux pétillants à base de cannabis étaient servis lors de l'exposition "360° Cannabis & Hemp for the People" dans la province de Buriram, le 5 mars 2021
Loin de poursuivre un rêve illusoire, plusieurs entreprises thaïlandaises de divers secteurs se sont lancées dans l’aventure du cannabis, cherchant à être les pionnières d'une industrie nouvelle en Asie et prometteuse, alors que Bangkok a légalisé cette année l'utilisation du chanvre et du cannabidiol (CBD) dans les biens de consommation.
Fabricants de cosmétiques, sociétés de boissons ou encore entreprises productrices de caoutchouc investissent dans la culture locale du cannabis et les produits pouvant utiliser la plante. L'importation du chanvre et de ses dérivés n'est autorisée qu'à des fins de recherche, et seules les entreprises détenues à majorité par des Thaïlandais peuvent obtenir des licences pour utiliser le chanvre, selon la règlementation gouvernementale.
Il s’agit d’un business qui, selon les analystes de Prohibition Partners, pourrait peser dans les 660 millions de dollars d'ici 2024 rien qu'en Thaïlande - et environ 8,5 milliards de dollars pour l’Asie. La Thaïlande ayant sauté le pas plus rapidement que ses voisins - la Malaisie et Singapour par exemple débattent encore sur la légalisation - des dirigeants d’entreprise convaincus du potentiel saisissent l'opportunité pour se placer en position de force.
"C'est une opportunité en or", souligne Tan Passakornnatee, président de la société de boissons Ichitan Group, qui a fait des boissons à base de CBD une pièce maîtresse de la stratégie de son entreprise.
"Prendre une position de leader sur le marché sera important pour les entreprises car il est rare d’avoir un produit qui fasse le buzz non seulement au niveau national mais aussi mondial", a-t-il déclaré dans une interview à Reuters.
Les entreprises engagées dans la course comme les analystes sont bien conscients que la voie de la rentabilité sera pavée d’un certain nombre d’écueils. Par exemple, les matières premières seront limitées du fait du nombre réduit de producteurs agréés, et la science permettant l'extraction des composés pourrait se révéler être un autre obstacle bien coûteux.
"Il y aura des pépins en cours de route", reconnait Maria Lapiz, responsable de la recherche institutionnelle chez Maybank Kim Eng. "Ce ne sera pas simple et (certains) anticiperont des bénéfices qui ne viendront pas."
Cependant elle estime que si les opportunités d'exportation sont là, la culture du cannabis pourrait générer une croissance de revenus capable de relancer l'économie thaïlandaise.
Le cannabis, produit signature de la Thaïlande ?
L’utilisation du cannabis en Thaïlande remonte loin dans l’histoire du royaume. Il était autrefois utilisé de différentes manières dans la cuisine ou comme médicament pour soulager la douleur, et était aussi prisé pour son effet euphorisant.
On ne sait pas quand exactement le cannabis est arrivé dans la région, mais il a été utilisé durant plusieurs siècles dans le royaume de Siam avant son interdiction en 1934 par Phot Phahonyothin, 2e Premier ministre de la toute jeune monarchie constitutionnelle née de la révolution de 1932 qui avait mis fin à la monarchie absolue.
Il est intéressant de noter que le gouvernement qui a réhabilité le cannabis en légalisant la plante en 2018 à des fins médicales et de recherche, est précisément perçu comme nostalgique de la vieille tradition siamoise et cherchant à effacer les traces historiques de l’avènement de la démocratie.
Toujours est-il que le chanvre a la cote chez les fabricants de biens de consommation car il est considéré par une majorité comme un "super aliment" aux nombreux bienfaits pour la santé et parce qu’il renferme des concentrations plus élevées de CBD, le principe non psychoactif de la plante, qui fait l’objet de recherches pour diverses applications médicales.
Le fabricant de boissons Ichitan est déjà en train de lancer des boissons à base de terpène, un composé approuvé par le gouvernement qui est également présent dans le cannabis. Ichitan explique qu’il vise ainsi à ce que la marque soit associée au plus vite aux produits du genre en amont de l'obtention de l’agrément pour ses boissons au CBD.
Du côté des cosmétiques, la marque Smooth E, espère être la première à pouvoir proposer des produits au CBD et attend son agrément pour le mois d’août.
"Nous pouvons l'appeler Smooth CBD", indique son PDG Sangsuk Pithayanukul, expliquant qu'il voyait un potentiel pour le gel douche au CBD, les shampooings et le dentifrice sous sa marque de soins bucco-dentaires Dentiste.
"Chaque pays a un produit signature. Celui de la Thaïlande devrait être le cannabis", ajoute-t-il.
"Course de Formule 1"
Le climat tropical, l'eau et la tradition font de la Thaïlande un lieu propice à la culture du cannabis, souligne Kris Thirakaosal, un ancien banquier d'investissement qui dirige désormais depuis Bangkok le groupe Golden Triangle.
Son entreprise a investi jusqu'ici 120 millions de bahts (3,28 millions d’euros) pour bâtir un laboratoire de génétique de 500 mètres carrés et elle a même développé sa propre variété de chanvre nommée Raksa, qui signifie "guérir".
"C'est une course de F1", dit-il, faisant l'analogie avec la course automobile pour souligner la vitesse et la précision nécessaires pour se maintenir en tête et garder une longueur d'avance.
Le président de Golden Triangle n’est autre que Chatchaval Jiaravanon, de la famille de milliardaires qui contrôle l'un des plus grands conglomérats agro-industriels du pays, Charoen Pokphand Group, lequel a conseillé Golden Triangle sur des modèles d’agriculture en coopérative.
Tout au sud du royaume, à Hat Yai, le producteur de caoutchouc Sri Trang-Agro dit prévoir de lancer sa première récolte de cannabis cette année, dès qu'il aura reçu l'agrément des autorités. On parle ici de plus de 320 hectares de surface cultivable, selon Tipwadee Sudwayha, la responsable des relations avec les investisseurs. Pour un investissement d'environ 100 millions de bahts, dit-elle, le coût n'est pas élevé car l'entreprise possédait déjà le terrain.
Certains, comme la société d'aliments à base de plantes NR Instant Produce, préfèrent acheter des exploitations de cannabis existantes, plutôt que de partir de zéro, comptant sur l’engouement autour de l'utilisation du chanvre dans les aliments pour générer la demande.
"Cela change la perception des consommateurs lorsque je leur dis que c'est un hamburger au chanvre", explique le directeur général Dan Pathomvanich.
Après un salon très suivi dans la province de Buriram au début du mois, deux autres événements sur le cannabis sont prévus le mois prochain en Thaïlande.
Le premier sera la conférence annuelle de l'Association internationale du cannabis médical, qui se tiendra à Chiang Mai du 16 au 18 avril, réunissant à la fois des experts médicaux et des producteurs de 22 pays dotés d'une industrie du cannabis médical.
Juste en suivant se tiendra à l'hôtel Carlton de Bangkok les 19 et 20 avril un salon ouvert au public qui marquera la Journée mondiale du cannabis, avec plus de 50 exposants attendus qui proposeront toutes sortes de produits à base de cannabis.
Par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters | Publié le 17/03/2021 à 01:25 | Mis à jour le 17/03/2021 à 08:36
Source: lepetitjournal.com
Sadiq Khan va lancer un examen de la dépénalisation du cannabis à Londres
dans Les News
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Le maire de Londres va lancer une étude sur la faisabilité de la décriminalisation du cannabis dans le cadre d’une nouvelle approche de la lutte contre la criminalité liée à la drogue.
Sadiq Khan a déclaré qu’il créerait une commission indépendante de la drogue à Londres pour examiner les avantages potentiels pour la santé, l’économie et la justice pénale de la dépénalisation de la drogue de classe B.
Les sondages montrent que près des deux tiers des habitants de Londres et plus de la moitié du Royaume-Uni soutiennent la légalisation du cannabis à des fins récréatives par les adultes.
S’il devait être réélu le 6 mai, Khan serait prêt à envisager de soutenir les changements du statut juridique du cannabis si c’est ce que conclut la commission.
Mais il a exclu la dépénalisation des drogues de classe A telles que l’héroïne et la cocaïne.
Une source proche du maire a déclaré au Guardian: « Ce sera à la commission d’examiner les preuves lors de la ronde, mais rien n’est hors de question dans le contexte de ce qui est le mieux pour la santé publique et la sécurité des Londoniens. »
La commission de la drogue de Londres comprendrait des experts indépendants de la justice pénale, de la santé publique, de la politique, des relations communautaires et du monde universitaire.
Il examinera les preuves de l’efficacité des lois britanniques sur les drogues, de la police et des services de soutien en matière de toxicomanie. Il ferait rapport au maire avec des recommandations pour la mairie, le gouvernement, la police, le système de justice pénale, le NHS et les services de traitement.
La manière dont les pays du monde entier ont abordé la criminalité liée aux drogues sera également examinée, notamment le Canada, l’Uruguay et plusieurs États américains, où le cannabis à des fins récréatives a été légalisé. En Espagne, l’usage privé de cannabis est autorisé, tandis que les Pays-Bas autorisent la vente de marijuana dans les cafés.
Au Portugal, la possession et la consommation de drogues ont été dépénalisées depuis 2001, l’accent étant mis sur l’amélioration des programmes de traitement et de meilleurs services de prévention, d’éducation et de soutien social.
Khan devrait annoncer la commission dans le cadre de son manifeste pour l’élection du maire, publié mardi, dans lequel il dira que de nouvelles idées sont nécessaires pour lutter contre le trafic de drogues illicites et qu’il pense que trop de jeunes sont criminalisés pour consommation de drogue.
Mais cela peut le mettre en désaccord avec le chef de l’opposition.
Le dirigeant travailliste s’est récemment déclaré opposé à la décriminalisation et a déclaré que les lois actuelles sur les drogues étaient «à peu près correctes».
Mais Sir Keir Starmer a déclaré à Sky News qu’il y avait «toujours de la place pour un débat adulte sur la façon dont nous traitons ces cas».
Le commerce de drogues illicites au Royaume-Uni coûterait à la société 19 milliards de livres sterling par an, selon le bureau du maire. Environ 41 900 personnes à travers l’Angleterre et le Pays de Galles ont été accusées d’infractions liées à la drogue l’année dernière.
Le cannabis est une drogue de classe B, et la possession ou la vente de produits à base de cannabis contenant du THC, le composé psychoactif de la drogue qui fait se sentir «high», est illégale.
Les produits à base de cannabis qui ne contiennent pas de THC, mais qui contiennent un deuxième composé «CBD», sont légaux au Royaume-Uni.
Le cannabis médicinal est légal au Royaume-Uni depuis la modification de la loi en novembre 2018.
Il doit être prescrit par un médecin spécialiste et n’est recommandé que pour quelques conditions médicales, y compris l’épilepsie sévère.
D’autres conditions pour lesquelles le cannabis médicinal peut être prescrit comprennent la spasticité de la sclérose en plaques et les nausées causées par les traitements de chimiothérapie.
Bien que Khan ne puisse pas créer de nouvelles lois, il pense que si la commission recommandait la décriminalisation du cannabis, une approbation du maire lui donnerait un coup de pouce.
Khan, qui a par le passé appelé à «une conversation fondée sur des preuves» autour du cannabis, dira: «Il est temps de trouver de nouvelles idées sur la façon de réduire les méfaits des drogues et des crimes liés à la drogue pour les individus, les familles et les communautés.
«La commission formulera des recommandations axées sur les lois les plus efficaces pour lutter contre la criminalité, protéger la santé des Londoniens et réduire les énormes dommages que les drogues illicites, y compris le cannabis, causent à nos communautés et à la société.
En 2019, le comité multipartite de la santé des Communes a déclaré que l’adoption d’une approche basée sur la santé profiterait aux utilisateurs et réduirait les dommages et les coûts pour la communauté dans son ensemble.
Il a demandé au gouvernement de mener des consultations sur la dépénalisation de la possession de drogue à des fins personnelles.
L’enquête Survation citée par le bureau du maire, publiée en juillet 2019, a révélé que 63% des résidents de Londres soutenaient la légalisation et la réglementation du cannabis, tandis que 19% seulement étaient opposés à l’idée. Dans l’ensemble du Royaume-Uni, 47 pour cent ont soutenu la légalisation, et 30 pour cent contre.
Source: news-24.fr